lundi 17 octobre 2011

Histoire de la BD. Des origines aux années 1920

Les premières  bandes dessinées européennes sont humoristiques, privilégient le texte, ignorent les bulles, et sont surtout destinées aux enfants. Elles paraissent dans la presse enfantine ou sous forme d’albums.
Les protagonistes de ces bandes dessinées sont des anti-héros: bêtes, risibles, insupportables...
  
Max und Moritz. W.Busch.1865  




La famille Fenouillard. Christophe. 1889
 
Christophe a popularisé la BD dans la presse enfantine. La famille Fenouillard est parue, d’abord, dans le Petit Français illustré, sous forme de trois bandes de deux images chacune.
Grande importance du texte, mais certaines informations essentielles sont graphiques. Christophe innove dans la variété des cadrages. Le trait et le mot commencent à tisser des liens entre eux.









Bécassine . Pinchon. 1902


 
C’est en 1905, dans la Semaine de Suzette, qu’apparaît Annaïck Labornez, de Clocher-les-Bécasses, dite « Bécassine ».
C’est la première vraie héroïne de ce qui va devenir une des caractéristiques majeures de la BD: la série, avec un héros récurrent. Le dessin épuré, les couleurs pastel annoncent la "ligne claire" de Hergé. Les légendes restent conventionnelles, mais la mise en page est dynamique.










Les pieds nickelés. L.Forton. 1908


Ribouldingue, Croquignol et Filochard sont des paresseux, des escrocs, des filous, mais gentils...Le ton contestataire est novateur et Forton est l'un des premiers à utiliser les trainées cinétiques dans ses dessins.













Aux Etats-Unis, la première BD, Yellow Kid, de Richard Outcault, paraît en 1896. La BD américaine, va emprunter, immédiatement, d’autres voies que la BD européenne. Elle est moins littéraire, place l’image au poste de commande, utilise d’emblée le phylactère (bulle). Les BD sont publiées sous formes de bandes (strips) dans les journaux et, en particulier, dans les suppléments dominicaux. Elles sont donc destinées à un public essentiellement adulte.
L’apparition du Yellow Kid coïncide avec le moment où s’accroissent prodigieusement les moyens de diffusion et, en particulier, la presse. Les bandes dessinées sont devenues un argument de vente. Aux Etats-Unis, c’est le succès populaire des journaux qui fait évoluer la forme de l’histoire en images vers la bande dessinée telle que nous la connaissons. D’abord hebdomadaire, elle devient quotidienne.
The Katzenjammer kids R.Dirks. 1897
 
Mais, comme en Europe, les premières BD américaines, sont essentiellement humoristiques: les comics.
The Katzenjammer Kids (Pim, Pam, Poum, en français) sont directement inspirés de Max und Moritz. C’est Rudolph Dirks qui les crée en 1897 pour le Journal de R. Hearst. 











 

 
En 1905, avec la parution dans le New York Herald de Little Nemo in Slumberland, de W. Mc Kay, la BD prend une nouvelle dimension: le rêve s’ajoute aux facéties, et les jeux graphiques dominent.
Cette fiction s’appréhende de façon surtout visuelle: de case en case, le paysage ne cesse de changer de forme, de couleur.Mc Kay explore un nombre considérable de logiques de planches. Les personnages s’adaptent aux dimensions de la case: c’est la figure qui engendre la narration. Rien n’est stable, tout est susceptible de métamorphoses.





Zig et Puce. Alain Saint-Ogan. 1925
A partir de 1912, se développe le système des syndicates, qui commandite et contrôle les dessinateurs et commercialise leurs œuvres. La bande dessinée américaine va ainsi se diffuser dans le monde et influencer les dessinateurs européens…
Alain Saint-Ogan est le premier à généraliser, en Europe, l'usage des bulles. Il aura une grande influence sur le créateur de Tintin.










Le 10 janvier 1929, dans le numéro onze du Petit Vingtième paraît le premier épisode de Tintin au pays des Soviets: c'est le début des Aventures de Tintin et Milou.
 

lundi 3 octobre 2011

Les origines de la BD

Ces BD qui ne sont pas des BD...

Les phylactères (bulles) ne font pas la BD...
Les phylactères ne jouent que rarement le rôle des bulles des BD. Il s’agit le plus souvent d’étiquettes qui identifient le nom du personnage. Ici ce n’est pas Dieu qui parle: le phylactère est une étiquette descriptive, d’information.


Grandes heures de Rohan.Manuscrit du XV°.
Les vignettes ne font pas la BD... 

Il n’y a pas de récit. Ce sont des images juxtaposées: Joseph jeté dans une citerne par ses frères, le Christ mis au tombeau, Jonas sur le point d’être enlevé par une baleine Le seul point commun entre ces trois hommes est leur sort: il s’agit de faire réfléchir le chrétien sur la notion de désespoir et d’espoir.
Danses macabres. Manuscrit du XV°

Bien que les danses macabres soient représentées sous forme d’une bande au dessin apparemment continu, elles ne sont en rien des antécédents de la BD.Elles constituent une collection de personnages différents, entraînés par la mort.

C'est avec le récit structuré en séquences d'images que s'annonce véritablement la BD

Cantigas de Santa Maria. Manuscrit XIII°






Manuscrit médiéval le plus proche d'une bande dessinée actuelle, cet ouvrage comporte pour moitié des pages où l'histoire est intégralement narrée en six cases distribuées sur trois registres ; les épisodes se succèdent parfois à quelques secondes d'intervalle seulement.










Cantigas de Santa Maria

La mise en page

Le décor est repris d'une case sur l'autre, selon le même cadrage et avec les mêmes personnages saisis à des stades successifs de l'action. Ce procédé permet de reconstituer de manière quasi cinétique l'enchaînement rapide de l'action ainsi divisée en séquence de deux, trois ou quatre cases.






Le mouvement

Miroir historial. Manuscrit XIV°








Le cheval est coupé en bordure de case, ce qui permet de suggérer l'action, le mouvement. C'est un procédé devenu classique dans la BD.














Le son

Grandes heures de Rohan. XV°
Le calendrier des bergers. Imprimé XV°


Dieu et l'agonisant emploient des phylactères dont la queue sort de leurs bouches. Le mourant adresse une prière à Dieu "entre tes mains je remets mon esprit..." et Dieu répond en français "pour tes pêchés pénitence fera..."







"To to to ". Des lettres pour exprimer le son de la corne. Celui-ci est plus fort en sortant de la corne: les lettres sont plus grosses et les limites de la case s'écartent pour les laisser sortir. Encore des procédés de la BD...
 "Cras Cras" dit le corbeau de la mort. "Demain, demain"...(tu mourras).





"L'inventeur" de la BD: Rodolphe Töpffer
Töpffer (1799-1846) est un dessinateur et un écrivain. Ayant dû renoncer à la peinture à cause d'une maladie des yeux, il se voua à l'enseignement et à l'écriture.Il est le véritable inventeur du genre ,désormais reconnu comme le 9ème art:la BD. Il a introduit des innovations décisives: organisation de la planche, découpage séquentiel, support album,  le héros comme personnage graphique.
Histoire de Mr VieuxBois. 1827

Mr Albert

Töepffer a eu clairement conscience d'inaugurer un mode d'expression nouveau, dont il souligne la particularité. 

"Les dessins,sans le texte, n'auraient qu'une signification obscure: le texte ,sans les dessins, ne signifierait rien."